Le Rwanda vient d’accepter la nomination de Antoine Anfré comme ambassadeur de France, au Rwanda, certainement avec une mission de parachever les démarches du président Emmanuel Macron de sceller les retrouvailles franco-rwandaises. Antoine Anfré prend sa suite dans la capitale rwandaise pour assurer que la page de la mésentente est bel et bien tournée. Avant cette délicate mission, l’ambassadeur Anfré s’est frotté à la dure réalité de la diplomatie française en Afrique.
Il est certain qu’entre autres la nomination d’Antoine Anfré par la France et son acceptation par le Rwanda comme ambassadeur, découle de la même raison, à savoir le rôle qu’il a joué comme « rédacteur géographique » au Quai d’Orsay, lorsqu’en 1991 il a tiré la sonnette d’alarme sur les dangers d’un soutien peu démocratique, aveugle et criminel de la France au régime du président Juvénal Habyarimana pour combattre les citoyens à qui ce dernier refusait l’accès à leur Mère-patrie. A cause de ces mises en garde à son pays contre les risques de graves dérives au Rwanda, il a été évincé de la direction des affaires africaines et malgaches (DAM) du Quai d’Orsay. Heureusement l’histoire vient de lui donner raison, à travers le Rapport de la commission Duclert commandé par le gouvernement de Macron et établi par un groupe d’historiens français.
Mais le cauchemar du futur représentant de la France au Rwanda s’est reproduit en 2015 quand il a été rappelé de son poste d’ambassadeur de France à Niamey au Niger, à la demande de l’ancien président nigérien Mahamadou Issoufou, à qui le président François Hollande, n’avait rien à refuser, comme un « camarade socialiste » mais aussi et surtout « françafrique » oblige. L’ordre de virer Antoine Anfré venait certes de l’Elysée, mais Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères Quai d’Orsay n’a rien fait pour le défendre.
Le rappel à Paris d’un ambassadeur, surtout avant la fin de la mission, est toujours une épreuve voire un drame personnel. Antoine Anfré l’a vécu avant de rebondir de très belle manière avec sa désignation le 12 juin comme nouvel ambassadeur de France au Rwanda. A Kigali, l’ancien « paria » du trio Hollande-Issoufou-Fabius va rouvrir le bureau de l’ambassadeur de France fermé depuis 2015.
Loin de l’amertume laissée par sa brutale éviction de Niamey, Antoine Anfré arrive à Kigali dans l’euphorie de la normalisation entre la France et le Rwanda après 25 années de brouille alimentée par le rôle criminel de la France avant, pendant et après le génocide contre les Tutsi de 1994.
Sans hésitation, l’ambassadeur Antoine Anfré, devrait faire un nouvel apprentissage pour sa nouvelle mission, car le Rwanda est devenu une autre Afrique que les anciens maîtres, la France et la Belgique sont en train de chercher dans quelle case le placer. En effet le phénix en renaissant de ses cendres, il s’est vêtu d’autres propriétés que l’intelligentsia de certains pays donneurs de leçons sont encore en train de décortiquer les qualités.
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