Selon certains experts, la Covid-19 pourrait devenir saisonnière.
Par Marc Taubert avec Norbert Cohen et AFP
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de la moitié des Européens pourraient être touchés par le variant Omicron d’ici à deux mois. Certains experts prédisent que le virus pourrait devenir saisonnier comme la grippe.
Au rythme de 2,5 millions de cas quotidiens supplémentaires ces sept derniers jours, selon un comptage de l’AFP, la pandémie continue sa progression fulgurante à travers la planète, deux ans après l’annonce du premier décès officiel du coronavirus en Chine. Et l’Europe est la région qui enregistre actuellement le plus de cas dans le monde avec plus de 7,9 millions de personnes infectées au cours des 7 derniers jours (45% du total mondial).
Un peu plus de six semaines après l’identification d’Omicron en Afrique du Sud, les données de plusieurs pays convergent sur deux points : ce variant se transmet beaucoup plus rapidement que celui auparavant dominant, Delta, et semble globalement provoquer des formes moins graves de la maladie.
De quoi dire à l’Agence européenne du médicament que la propagation fulgurante d’Omicron va transformer le Covid-19 en une maladie endémique avec laquelle l’humanité peut apprendre à vivre. Mais, selon d’autres experts, il faut fortement relativiser cette perspective.
Le variant Delta toujours présent
« C’est un des scénarios », explique le Pr Enrique Casalino, infectiologue et responsable des urgences à l’hôpital Bichat (Paris 18e). « Est-ce que cela nous protégera de façon durable ? Personne n’en sait rien. Il y a aussi la possibilité qu’Omicron n’arrive pas à balayer totalement Delta et que ce dernier continue à circuler, qu’il provoque des formes graves et mette en difficulté tout le système. »
Ce dernier rappelle d’ailleurs qu’actuellement, à l’hôpital Bichat, le variant Delta « explique un certain nombre d’admissions de patients graves » même si « en région parisienne, l’Omicron est aujourd’hui le virus prédominant ». Pour ce responsable des urgences, la tension hospitalière ne doit ainsi plus être mesurée en fonction du nombre de lits disponibles en réanimation mais plutôt d’observer la demande en lits disponibles en médecine.
Le scénario d’une grippe saisonnière Selon d’autres experts, comme Pascal Crepey, enseignant-chercheur en épidémiologie et en bio-statistique à l’École des Hautes Études de Santé Publique et interrogé par francinfo, « on se dirigera plus vers une dynamique proche de celle de la grippe que vers une dynamique endémique dans la définition propre du terme ».
Le terme endémie signifie que le virus n’aurait plus des phases de forte expansion mais serait présent dans la population de façon continue avec « un nombre de reproduction autour de 1 et pas au-dessus comme c’est le cas aujourd’hui », poursuit le chercheur.
Ce dernier pense qu’il existe réellement « un effet saisonnier qui fait varier mécaniquement ce nombre de reproductions. Le virus se transmet moins facilement pendant la période de l’été que pendant la période d’hiver ».
Le professeur Casalino remet, lui, en question cette vision car « l’épidémie de Sars-Cov-2 a touché des pays même en période estivale » et rappelle que « la grippe tue entre 5 000 et 15 000 personnes chaque année en France ».
Omicron, le dernier virus ?
« La cinquième vague de Covid-19 est peut-être la dernière », a prédit le ministre de la Santé, Olivier Véran, le 1er janvier au Journal Du Dimanche.
« Il faut être très prudent sur les prédictions parce que depuis 2 ans, on s’est rendu compte qu’elles ont toujours été fausses », relativise le Pr Jean-Michel Pawlotsky, virologue à l’hôpital Henri Mondor à Créteil.
Cet épidémiologiste prévoit cependant que la vague pourrait redescendre rapidement car elle le pic a été rapidement atteint : « On voit déjà en Afrique du Sud, en Israël, au Royaume-Uni que c’est en train de redescendre rapidement et, cette vague qui est en train de toucher beaucoup de monde, va augmenter l’immunité ».
Celui-ci se veut optimiste : « On est en train d’évoluer vers des virus qui deviennent de plus en plus transmissibles et de moins en moins agressifs et qui un moment, vont s’intégrer dans les autres infections virales, qui reviendront tous les hivers et qui sont associées à des signes relativement bénins ».
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