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Par France Culture

27 ans jour pour jour après le début du génocide des Tutsi au Rwanda, les rescapés des massacres attendent toujours que les responsables soient trouvés et jugés. Des dizaines de génocidaires présumés se cacheraient encore aujourd’hui en France.

Avis de recherche des hommes les plus recherchés pour le génocide des tutsis du Rwanda, à Kigali.

Lorsqu’elle a appris, l’an dernier, l’arrestation en banlieue parisienne de Félicien Kabuga, 87 ans, considéré le financier du génocide, Jeanne Uwimbabazi s’est dit que quelque chose allait peut-être changer. « J’ai eu des frissons sur tout le corps, je me suis assise, que je me suis dit dix fois : c’est pas vrai, c’est pas vrai, c’est pas vrai… » Jeanne avait 16 ans en 1994 à Kigali. Tendons sectionnés, coup de machette dans la nuque. Laissée pour morte. Ses sœurs, ses parents, d’autres proches encore, tous massacrés.

Je me suis dit que même si il ne parlait pas, même si on n’allait pas jusqu’au procès, cette arrestation rompait la chaîne d’impunité. Pendant 27 ans, les présumés génocidaires paradaient tranquillement en France parce qu’ils sont intouchables et on met fin à ça, c’est un immense soulagement.

Le 16 mai 2020, à 6h du matin, dans une petite rue tranquille d’Asnières, Eric Emeraux, alors chef de l’Office Central de Lutte contre les Crimes contre l’Humanité est avec ses collègues qui font sauter au vérin la porte de l’appartement où les a mené des années d’enquête, accélérée par une piste médicale qui a permis d’identifier l’ADN de Félicien Kabuga, 87 ans, considéré le financier du génocide, notamment de radio Milles Collines, outil de propagande, qui appelait à la mort des « cafards » : les Tutsi. 

« Les fugitifs présumés responsables d’atrocités et de crimes contre l’humanité dans leur pays, cherchent souvent à endosser la tenue de camouflage du bon citoyen pour passer en dessous des radars. Une cavale, d’une manière générale, coûte beaucoup d’argent. La plupart du temps c’est la communauté auquel appartient l’individu qui lui vient en aide. »

Dans son livre La Traque est mon métier, Eric Emeraux raconte ces enquêtes, ce travail de fourmi. Pour Félicien Kabuga, ce sont des des faisceaux d’indices, mis en commun au sein d’une coopération de plusieurs polices européennes sous la houlette du procureur du Mécanisme pour le Rwanda, et des circonstances exceptionnelles qui ont permis de mettre fin à ces 27 ans de cavale à travers l’Afrique et l’Europe.

Félicien Kabuga devrait être jugé cet été en Tanzanie par un tribunal pénal international. 

Vers la fin de l’impunité ?

L’an dernier, le Rwanda émettait aussi un mandat d’arrêt international contre Aloys Ntiwiragabo, chef des renseignements militaires pendant le génocide au Rwanda en 1994, à l’encontre duquel une enquête préliminaire pour « crimes contre l’humanité » a été récemment ouverte en France, où il pourrait résider. L’enquête en France a été ouverte à la suite d’un article de Mediapart affirmant avoir retrouvé cet homme, âgé de 72 ans, près d’Orléans. Le pôle « crimes contre l’humanité » du tribunal de Paris avait cherché à l’entendre comme témoin en 2012 dans une enquête et avait sollicité les autorités rwandaises. Ces dernières, selon cette source judiciaire, avaient répondu que M. Ntiwiragabo était réfugié dans un pays africain.

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La semaine dernière, la publication du rapport accablant de la commission Duclert, chargée par Emmanuel Macron de confronter les responsabilités de la France au Rwanda a marqué un nouveau temps fort d’une histoire entre la France jusqu’ici marquée par la paralysie et le déni.

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