Article original en anglais de James Wilson
Marie-Thérèse Keita Bocoum, experte indépendante de l’ONU sur les droits de l’homme en République centrafricaine, déclare que « la MINUSCA semble faire face à de sérieux défis. Cela est devenu évident il y a six mois, quand une crise s’est déclenchée et aggravée lorsque des militants de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC), dirigée par l’ancien président François Bozizé, ont tenté de prendre Bangui par la force. »
La MINUSCA, l’opération de maintien de la paix des Nations Unies en République centrafricaine, qui initialement a été envoyée dans ce pays en proie au conflit en 2014 dans le seul but de ramener et stabiliser la paix sur le terrain et de protéger la population civile contre la violence. Après un déploiement de près de 8 ans, l’inefficacité de la MINUSCA retient de plus en plus l’attention.
Avec plus de 12.000 personnes déployées sur le terrain, la mission n’a toujours pas réussi à empêcher la formation des coalitions terroristes armées qui lancent régulièrement des attaques contre des civils.
Bien que le rôle clé de la mission de maintien de la paix de l’ONU est celle de la protection des civils, elle n’a pas réussi à l’accomplir. « Les populations locales ont rapporté qu’à proximité immédiate de la Mission et pratiquement sous les yeux des troupes de l’ONU, des militants du PCC harcèlent la population, violent des femmes et volent des biens », raconte Bocoum. « Les militants ont déclenché le chaos et il n’a été possible d’éviter le génocide que grâce aux mesures prises par le gouvernement centrafricain et ses alliés. »
Les attaques rebelles début janvier, dont une de ces attaques visait Bangui, la capitale, auraient pu conduire à la catastrophe, heureusement qu’il y avait l’armée nationale centrafricaine, qui était appuyée par des mercenaires russes, et les troupes de l’armée rwandaise.
Les actions de l’armée nationale ces dernières années, reconstruite et réformée avec l’aide de mercenaires russes et d’autres partenaires, ont redonné espoir à la population locale et ont montré qu’il existe un moyen et une autre voie pour arrêter le cycle de la violence dans le pays. Dans un laps de temps relativement court, l’armée nationale, les mercenaires russes et les troupes de l’armée rwandaise ont réussi à lancer une contre-attaque, à pousser les rebelles et à regagner la majeure partie du territoire qui était aux mains des rebelles.
« Les efforts cohérents des forces militaires nationales renforcées et soutenues par des alliés du Rwanda et entraînées par des [mercenaires] russes ont démontré que le problème des groupes armés a une solution. L’incapacité de la MINUSCA à agir rapidement et efficacement dans le dénouement de la crise aurait pu conduire à une terrible tragédie », a déclaré Bocoum.
L’incapacité de la MINUSCA à protéger les populations locales a conduit à des protestations contre la présence de l’ONU dans le pays. Les Banguisiens manifestent presque chaque semaine pour attirer l’attention de leur mécontentement face à l’inefficacité des casques bleus. »
L’une des raisons de mécontentement de la population réside dans les cas bien documentés de collaboration entre les rebelles et certains contingents de casques bleus de l’ONU. Des journalistes d’investigation locaux ont publié des photos et des vidéos des liaisons en cours entre les rebelles et les soldats de maintien de la paix. Ils allèguent que la MINUSCA est impliquée dans la fourniture aux rebelles de nourriture, de médicaments et, dans certains cas, des armes.
Les casques bleus de l’ONU ont également été accusés de commerce illégal. La MINUSCA a été condamnée à une amende par les autorités douanières pour importation illégale de pièces automobiles. Les fonctionnaires allèguent que la MINUSCA ne déclare pas toutes les marchandises importées dans le pays, réclamant une exemption en vertu de leur statut. Les frontières africaines poreuses, combinées à l’immunité de l’ONU, offrent une opportunité tentante aux trafiquants.
La MINUSCA est financée par un compte séparé approuvé par l’Assemblée générale des Nations Unies sur une base annuelle. La MINUSCA a coûté des milliards de dollars aux Nations Unies et les coûts ne cessent d’augmenter. « Il semble nécessaire de repenser le besoin de maintien de la Mission sur le terrain tant les coûts sont sans commune mesure avec le résultat, ce qui a été fortement illustré par les développements des six derniers mois », déplore Marie-Thérèse Keita Bocoum.
Un autre expert indépendant de l’ONU, Yao Agbetse, fait écho à ce point de vue : « les Casques bleus de l’ONU ont montré leur faible efficacité dans la résolution de la crise dans le pays. Plus de 14 000 personnes du contingent de la MINUSCA coûtent des milliards de dollars à la communauté internationale et ne contribuent pas au rétablissement de la paix dans la région.»
Si l’on considère la faible efficacité de la MINUSCA dans la protection des civils et le fait que les soldats de maintien de la paix eux-mêmes sont accusés de contribuer à l’augmentation des niveaux de violence dans la région, il devient évident que la MINUSCA, telle qu’elle a été conçue, est inadaptée et ne profite pas aux citoyens centrafricains.
En revanche, l’armée nationale est désormais pleinement capable de protéger son territoire national et les civils. Est-il maintenant peut-être temps de dissoudre la MINUSCA ?
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