Il y a une semaine, l’Union africaine a annoncé le lancement d’un «partenariat pour la fabrication de vaccins africains» (PAVM) avec pour objectif de créer cinq pôles de recherche et de fabrication de vaccins sur le continent.
L’Union africaine a organisé la semaine passée un sommet virtuel sur la vaccination contre la pandémie de Covid-19 en présence des chefs d’État de l’Afrique du Sud, du Rwanda, et de la RDC. Le sommet a débouché par la signature d’un Partenariat pour la fabrication de vaccins africains (PAVM), visant à créer cinq pôles de recherche et de fabrication en Afrique du Nord, de l’Ouest, de l’Est, centrale et australe.
Outre les dirigeants africains, la visioconférence a réuni le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, la directrice générale de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) Ngozi Okonjo-iweala, le secrétaire exécutif du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad), Ibrahim Assane Mayaki, ainsi que des représentants du secteur privé et de la société civile.
L’objectif est de produire localement, d’ici 2040, 60% de tous les vaccins dont a besoin le continent (Covid et autres maladies). Des accords ont été signés avec la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies (Cepi), la banque panafricaine Afreximbank et l’Africa Finance Corporation.
Selon le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, la visioconférence a eu pour objectif de faire le point de la situation de la vaccination contre la pandémie de la Covid-19 en Afrique et de « formuler des recommandations » en vue de la création du cadre propice à la fabrication des vaccins, estimant que le continent doit disposer d’au moins six centres de production.
Les responsables de l’OMS, de l’OMC et du Nepad ont indiqué que leurs institutions étaient prêtes à soutenir l’Afrique dans son initiative de développer ses propres vaccins contre la pandémie de la Covid-19.
Ces cinq pôles de recherche et de fabrication de vaccins seront développés dans les «dix à quinze prochaines années», dans chacune des cinq grandes régions du continent (Afrique du Nord, Afrique occidentale, Afrique centrale, Afrique australe, Afrique de l’Est), a détaillé John Nkengasong, le directeur du Centre de contrôle et de prévention des maladies en Afrique (Africa CDC), qui dépend de l’UA.
L’objectif est de fabriquer localement, d’ici 20 ans, 60% des vaccins utilisés sur le continent, contre 1% actuellement.
« Nous avons conscience qu’il s’agit d’un vrai défi », a souligné M. Nkengasong, en clôture de deux jours de sommet virtuel sur ce thème. Mais « si l’Afrique ne prévoit pas aujourd’hui de répondre à ses besoins en matière de sécurité vaccinale, alors nous nous préparons définitivement à l’échec », a-t-il ajouté.
Il a souligné l’importance « de faire un bond en avant en s’appuyant sur la technologie de l’ARN messager », et évoqué l’intérêt du Sénégal, de l’Afrique du Sud et du Rwanda de s’engager dans cette voie.
Le directeur de Cepi, Richard Hatchett, s’est félicité de participer à « renforcer la capacité de l’Afrique à prévenir, détecter et répondre aux menaces infectieuses émergentes et ré-émergentes ».
« Il faudra des ressources financières suffisantes, des législations harmonisées en Afrique et des incitatifs », a déclaré le président en exercice de l’Union africaine, Félix Tshisekedi, en appelant « solennellement la diaspora africaine à travers le monde pour aider aux renforcements des capacités de fabrication de médicaments et de vaccins en Afrique ».
Ce projet « ne se contentera pas de se battre contre le Covid-19 mais permettra d’implanter une fabrication de vaccins pour les maladies connues et de se préparer pour les épidémies et pandémies à venir », a ajouté le président de la RDC.
La question de l’inégalité de l’accès aux vaccins en Afrique a été mise en lumière par la pandémie de coronavirus.
L’OMS Afrique avait ainsi déploré le 8 avril que «moins de 2% des 690 millions de doses de vaccin anti-Covid-19 administrées jusqu’à présent à l’échelle mondiale l’ont été en Afrique».
Près de 13 millions de doses avaient été administrées en Afrique à cette date, selon l’OMS.
« La situation de l’accès aux vaccins sur le continent africain est devenue pratiquement intenable. L’Afrique représente 16 % de la population mondiale, mais seuls 0,1 % des vaccins sont produits sur le continent dans la vaccination de routine [Covid et hors Covid] » a déclaré l’OMS.
Plusieurs pays du continent ont débuté des campagnes de vaccination grâce aux dons obtenus à travers le « mécanisme de solidarité internationale » des Nations unies et de la Chine.
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