La semaine passée, les survivants du génocide contre les Tutsi en juin 1994 pendant les massacres dans les collines de Bisesero, à l’ouest du Rwanda, ainsi que les ONG qui les soutiennent, avaient accusés les troupes françaises de les avoir délibérément abandonnées aux extrémistes hutus, qui venaient de « génocider » des centaines de personnes dans la région en quelques jours.
Les procureurs français ont recommandé aux juges d’abandonner ce procès accusant les troupes français de complicité pour leur inaction pendant le génocide à Bisesero.
Les membres des forces armées françaises déployées au Rwanda lors du génocide de 1994 ont tout fait ce lundi pour éviter tout procès. Avec l’appui des procureurs, ces derniers ont recommandé aux juges d’abandonner tout procès accusant les militaires français de complicité de crimes contre l’humanité pour leur inaction dans les massacres au Rwanda.
L’appel des procureurs d’abandonner l’affaire de complicité dans le génocide impliquant les troupes françaises au Rwanda, fait suite au dernier rapport de Duclert sorti au mois de mars qui a examiné les allégations concernant le rôle de la France dans le génocide contre les Tutsi, selon lequel Paris avait été «aveugle» aux préparatifs mais non complice des meurtres.
Espérons que tous les criminels ne profiteront pas de cette jurisprudence pour avancer l’aveuglement plaider leur innocence !
Le parquet de Paris a conclu que l’enquête «n’a pas permis d’établir que les forces françaises auraient pu être coupables des crimes de complicité de génocide et de crimes contre l’humanité».
L’enquête n’a pas confirmé qu’il y avait eu «aide ou assistance des forces militaires françaises lors de la réalisation des atrocités», a déclaré le procureur en chef de Paris, Rémy Heitz.
Il n’a pas été non plus établi que les forces françaises «se sont abstenues d’intervenir face à un génocide ou à des crimes contre l’humanité en raison d’un accord préalable».
«Déni de justice»
Les procureurs ont ouvert une enquête pénale pour complicité de génocide en décembre 2005 à la suite de plaintes déposées par des survivants et des groupes de défense des droits humains.
Eric Plouvier, avocat de l’ONG Survie (Survival) qui prône de meilleures relations entre la France et l’Afrique et faisait partie des groupes qui ont porté plainte, a qualifié le résultat de «déchirant et juridiquement pénible».
Dans un «déni de justice», le pouvoir judiciaire n’a pas tenu compte des «responsabilités écrasantes» de la France qui avaient permis le génocide, qui ont été révélées dans le rapport historique, a-t-il déclaré à l’AFP.
En mars, le rapport français historique rédigé par des historiens concluait que Paris portait des responsabilités «graves et écrasantes» dans le massacre de plus d’un million de personnes entre avril et juillet 1994, principalement les Tutsis qui étaient visés par ce génocide.
La décision finale sur l’opportunité d’aller de l’avant avec l’affaire appartient aux juges d’instruction.
Ils sont désormais très susceptibles d’abandonner l’affaire à moins que de nouvelles enquêtes ne soient ordonnées, a déclaré une source proche de l’enquête, demandant l’anonymat.
La conclusion de 386 pages émise par les procureurs et vue par l’AFP n’exclut pas la possibilité que l’absence d’intervention des troupes puisse constituer le délit de non-assistance à une personne en danger.
Mais ce crime serait de toute façon couvert par la prescription.
Les cinq militaires français visés par l’enquête n’ont jamais été inculpés.
Les survivants du massacre ont affirmé que la France, qui avait soutenu le gouvernement génocidaire de l’époque, avait utilisé la mission de maintien de la paix Turquoise soutenue par l’ONU comme un front pour tenter de maintenir le régime en place, comme un tampon contre les rebelles tutsis anglophones.
Environ 50 000 personnes ont été tuées dans la seule région de Bisesero, considérée comme un havre de résistance tutsie.
«Échec profond»
Le rapport commandé par le président français Emmanuel Macron était particulièrement accablant sur les événements de Bisesero, qualifiant d’un « échec profond » des troupes françaises de protéger les Tutsis qui s’abritaient dans les collines, dans une soi-disant «zone de sécurité»,
Le rapport notait que les Français savaient que les Tutsis qui se cachaient dans la région avaient été attaqués mais n’avaient pas répondu à leurs appels pour être sauvés pendant des jours, à l’époque où des centaines de personnes avaient été assassinées.
La commission historique française a blâmé l’échec des troupes à protéger les Tutsis à Bisesero sur des considérations stratégiques plutôt que sur les échecs de soldats individuels.
Qu’importe les considérations, car la France a mis tous les moyens politiques, militaires, financiers et diplomatiques pour soutenir un régime génocidaire connu. Et cela avant, qu’il commette le génocide, pendant le génocide et même après ce génocide.
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