L’Ouganda offre au Burundi une longue route, juste pour contourner le Rwanda
Toujours dans la même période, le président Yoweri Museveni vient d’offrir au président du Burundi Evariste Ndayishimiye, une longue route, qui traverse un pays tiers, avec l’objectif principal est de contourner le Rwanda. En reconnaissance, Ndayishimiye a déclaré Museveni père de la nation du Burundi avec un témoignage appuyé, des sentiments filiaux.
Museveni propose à son homologue burundais, un projet de construction de la route devant desservir les deux pays, en faisant un grand détour par le Nord de la Tanzanie pour éviter de passer par le Rwanda. C’est ce qu’a indiqué le président ougandais au sortir d’un entretien le jeudi 13 mai avec son homologue burundais venu assister à la cérémonie d’investiture organisée pour sa réélection. Rappelons qu’une route en bon état, plus accessible et plus courte et qui est dotée d’un bureau unique de douane à la frontière. Depuis la fermeture de la frontière terrestre entre le Rwanda et l’Ouganda, les flux commerciaux entre le Burundi et l’Ouganda ont baissé en volume, car ces deux pays sont séparés par le Rwanda.
D’après le président Museveni, « une meilleure liaison routière avec le Burundi, en plus des vols directs d’Uganda Airlines vers Bujumbura, améliorerait le commerce des produits agricoles et des ressources naturelles ».
La nouvelle infrastructure qui traversera le nord de la Tanzanie débouchera de l’Ouganda en deux crocs; Kitagate à Isingiro à Karagwe et Myotera-Mutukula à Karagwe, puis fusionnez en une seule voie pour traverser Ngara dans le nord-ouest de la Tanzanie et rejoindre le point de passage frontalier de Kobero au Burundi.
Ces deux itinéraires font respectivement 360 km et 274 km, selon les calculs de googlemap, et prendraient entre quatre et six heures et demie de route, comparable à sept heures et demie de route sur les 348 kilomètres de Gatuna à Bujumbura.
Cependant, le trajet de Kobero à la capitale Bujumbura du Burundi pourrait prendre 4 heures supplémentaires. Et d’autre part il faudrait que la Tanzanie donne à ses routes du Nord la même priorité que l’Ouganda le souhaite.
Les détails du projet de nouvelle route ont été convenus lors d’une réunion entre le président Museveni et son homologue burundais Évariste Ndayishimiye lors de la visite d’État de ce dernier du 13 au 14 mai, un jour après avoir assisté à l’investiture de son hôte le 12 mai.
Les ministres et les principaux technocrates chargés des secteurs des travaux et des routes en Ouganda, en Tanzanie et au Burundi doivent se réunir le 20 juin, selon la ministre d’État ougandaise chargée des travaux, Joy Kabatsi.
Suite à la rencontre du 13 mai avec son homologue burundais, le président Museveni a déclaré : « Nous avons parlé de la route Kikagate-Morongo-Isingiro à l’intérieur de la Tanzanie-Keisho – jusqu’à Kayanga.»
Des sources haut placées ont déclaré que la réunion de M. Museveni et de M. Ndayishimiye avait chargé le général Katumba Wamala, ministre ougandais des Travaux publics, jusqu’à la dissolution du gouvernement le 12 mai, d’accélérer le projet dans trois pays.
Projets egocentriques sans panafricanisme
La proposition du président Museveni à ses homologues de la RDC et du Burundi est louable car elle pourra désengorger la région orientale du Congo et du Burundi qui sont pratiquement des territoires enclavés. Pour un homme bien averti de l’historique de la région, cette initiative inter régionale présente deux grands handicaps qui seront un grand obstacle pour sa réussite.
Le premier handicap est que ce programme qui est régional se fait sans la région, voire au détriment de l’intégration régionale, car au lieu de favoriser l’unité, elle va contre un pays membre de la Communauté. L’initiative de Museveni encourage la désintégration et l’inimitié entre les pays membres. Compte tenu de son expérience et son ancienneté, on attendait plutôt du Mzee Museveni, un autre leadership qui vise les projets et programmes durables pour solidifier le panafricanisme en construction. Il apparaît plus claire que dans la région, la priorité semble d’aplanir les différents inter-Etats pour la réussite des projets aussi bien nationaux que régionaux.
Le deuxième handicap de l’initiative de Museveni bien qu’elle soit louable, mais elle donne l’impression que le président ougandais se cherche un accès facile à la région qui est restée longtemps exploitée et pillée par ses cadres civils et militaires. Il sera difficile de persuader du contraire les différents partenaires qui se rappellent bien du passé récent des événements dans la région avec un voisin trop entreprenant.
Commentaires récents