Par Manzi Bakuramutsa
Ce dimanche 21 au Maroc, plusieurs sources sûres annoncent le décès d’Honoré Ngbanda Nzambo Ko Atumba, à l’âge de 75 ans. Originaire de Lisala, comme le feu président Joseph Mobutu dont il était tour à tour conseiller, ambassadeur et plusieurs fois ministre, Ngbanda était devenu un opposant acharné au régime actuel congolais, s’appuyant sur des mensonges et des arguments contestables comme armes politiques.
A l’époque de Mobutu, Ngbanda était l’homme des services des renseignements, bien que à tord, il soit considéré comme fin connaisseur des questions sécuritaires tant au niveau national que sous-régional, c’est dans ce cadre qu’il a dirigé plusieurs fois le ministère de la défense et les services de renseignements sous Mobutu.
En 1976, il est premier conseiller à l’ambassade du Zaïre à Bruxelles et directeur du centre culturel, poste qui lui a permis de surveiller les opposants en Belgique. A son retour au pays, en 1979, il devient « numéro deux » des renseignements de la RDC.
Son poste de ministre-conseiller puis d’ambassadeur du Zaïre en Israël (1983-1985) lui permet d’affiner ses connaissances en matière d’espionnage, domaine dans lequel Israël est réputé. A son retour de Tel Avive, il prend la tête des renseignements zaïrois, où il pratiqua notamment, de 1985 à 1990, la désinformation, technique de manipulation qui était son sujet favori.
En 1990, il devient conseiller politique de Mobutu puis ministre de la Défense et occupe encore ce poste lors de la féroce répression de la Marche des Chrétiens (février 1992), dans laquelle il se défend d’avoir joué un rôle.
En 1996, à la suite de l’invasion du Zaïre par le Rwanda, le Burundi et l’Ouganda, il est chargé par le Président Mobutu de mener les négociations d’abord avec les présidents Yoweri Museveni et Paul Kagame à Kampala et à Kigali, et ensuite en Afrique du Sud, il est chargé de négocier avec les responsables de l’administration américaine dont les sous-secrétaires d’État américains Georges Moose et Suzanne Rice.
En 1997, il participe à l’organisation, avec le concours du Président Mandela, d’une ultime rencontre entre le président Mobutu et Laurent-Désiré Kabila. Mobutu espère négocier une transition et l’organisation d’élection, alors que Kabila est déjà en position de force, ses forces s’emparant des villes zaïroises, et ne voulant négocier que les modalités de départ de Mobutu.
En mai 1997, la chute de Mobutu surprend Honoré Ngbanda à Lomé au Togo et il est contraint à l’exil.
Selon ses détracteurs, Ngbanda est accusé d’être impliqué dans le massacre d’étudiants à Lubumbashi en 1990 et d’avoir ordonné le massacre des chrétiens en février 1992, d’où son surnom de « Terminator ».
En effet, Ngbanda est accusé d’être le responsable du massacre d’étudiants à Lubumbashi le 11 mai 1990. Il récuse ces affirmations précisant qu’au moment de ces événements, il n’était plus depuis un peu plus d’un mois à la tête des services de sécurité mais conseiller politique du chef de l’État. Il minimise également ces massacres, parlant d’un mort, là où la presse internationale citait des témoignages évoquant une cinquantaine d’étudiants égorgés par la brigade spéciale présidentielle, la DSP, troupe d’élite du président Mobutu.
Une autre controverse s’est engagée deux ans après, autour du massacre des chrétiens du 16 février et du 1er mars 1992. Ngbanda est accusé également d’avoir joué un rôle majeur dans le massacre perpétré à la suite d’une marche des chrétiens le 16 février 1992. Il répond à cette accusation, via l’organisation qu’il a créé en exil, l’Apareco, par un extrait d’un rapport de la commission « Crimes et Assassinats » de la Conférence Nationale Souveraine. Ce rapport met en avant que ce n’est pas au ministre de la Défense Nationale, Honoré Ngbanda, qu’avait été incombé la charge de superviser cette manifestation, mais au ministre de l’Intérieur Mandungu Bula Nyati qui avait le maintien de l’ordre public dans ses attributions.
Après la chute de Mobutu, Ngbanda en exil à Paris en France, il fonde un parti politique de l’opposition, « l’Alliance des patriotes pour la refondation du Congo » (Apareco).
Radicalement opposé à Joseph Kabila au point parfois de friser la paranoïa, Honoré Ngbanda dénonce une mainmise des Tutsis et de Paul Kagame sur le régime en RDC.
C’est en cette qualité, avec des fausses références à l’appui, Il se lance dans le développement d’un « complot anglo-saxon » contre son pays, sans transition, il virera à la campagne anti-Tutsis lorsque Joseph Kabila, qu’il accuse d’être « rwandais », accèdera à la tête de l’Etat. Il s’acharnera sur la communauté congolaise rwandophone et il développera des fausses thèses basées sur des fausses références soit disant consultées au Musée de Tervuren
Selon ses partisans, Ngbanda vivait caché, soit disant pour échapper aux « puissances étrangères qui occupent le Congo », tandis que ses compatriotes qui le connaissent bien, disent qu’il se cachait pour échapper aux représailles de nombreuses personnes, qui ont été victimes de ses atrocités sous Mobutu.
Depuis la chute du président Mobutu, Honoré Ngbanda vivait en exil en France où il a fondé un parti d’opposition (l’Apareco). Ce dernier lui a permis de renouer avec ses anciennes amours professionnelles, à savoir l’utilisation de mensonges et de la manipulation comme des armes polititiques.
Que son âme puisse se reposer en paix.
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