Claudine Nyirangirente attend le paiement d’un passager à Kigali, au Rwanda, le 23 mars 2021 (photo de Cyril Ndegeya)
Source XINHUA
Dans le centre commercial de Kicukiro, situé dans la banlieue de Kigali, les rues rugissent au son des motos commerciales – communément appelées au Rwanda « moto-taxi » traversant les voies réservées aux voitures.
Les motos, sur lesquelles de nombreux navetteurs comptent dans les pays montagneux, sont conduites principalement par des hommes. Pourtant, à Kigali, une mère de 33 ans, Claudine Nyirangirente, du village rural de la capitale, rejoint des centaines de chauffeurs de moto-taxis pour transporter des passagers de tous types, y compris des femmes se rendant à l’hôpital, des hommes d’affaires allant au travail, des élèves allant à l’école ainsi que les bagages, y compris les produits d’épicerie et les sacs de ciment.
Selon Albert, président de la coopérative Taxi Moto du district de Kicukiro, dans laquelle travaille Nyirangirente, elle est l’une des quatre femmes chauffeuses de moto-taxi connues sur un total d’environ 20000 dans la capitale du Rwanda.
Insatisfaite du travail de femme de chambre qu’elle faisait à Kigali, Nyirangirente a abandonné le travail pour exploiter une petite entreprise. Enfin, en 2013, elle a acheté une petite moto d’une valeur de 600000 francs rwandais (environ 612 dollars américains) avec des économies sur la vente d’œufs pour démarrer une entreprise de moto-taxi.
«Il m’a fallu environ une semaine pour apprendre à conduire la moto. C’était assez difficile mais je me suis donnée du temps », se souvient-elle.
Aux yeux d’Albert, Claudine est une bonne conductrice et «capable de travailler pour multiplier les revenus familiaux ». Son client, Joseph Shema, l’a également félicitée en tant que « motocycliste prudente » qui le met à l’aise sur la route.
Cependant, au début, la jeune conductrice a dû faire face à des préjugés liés à la question du genre.
«Au départ, certaines personnes pensaient qu’il n’était pas socialement acceptable pour les femmes de conduire des motos-taxis et de chercher des passagers dans les parkings remplis d’hommes, mais avec le temps, je me suis fait acceptée», a-t-elle déclaré.
«Certains conducteurs m’insultaient hors de l’autoroute et certains clients masculins m’ont critiqué comme étant faible et moins qualifiée, mais j’ai surmonté toutes ces critiques», a-t-elle ajouté.
Nyirangirente est fière de conduire une moto, affirmant qu’elle était la source de revenus de sa famille depuis des années jusqu’à ce que son mari, également chauffeur de moto-taxi, libère son temps pour s’engager dans d’autres emplois générateurs de revenus.
«J’utilise une partie des revenus générés par le taxi-moto pour régler les frais de scolarité à temps afin que mes enfants puissent aller à l’école. Nous sommes en mesure de payer un loyer et de répondre à nos autres besoins domestiques tels que la nourriture, les vêtements, les soins médicaux et d’autres articles », a déclaré Nyirangirente, qui a récemment acheté une plus grosse moto d’une valeur de 1,5 million de francs rwandais, qu’elle et son mari conduisent à tour de rôle.
Avec le soutien de son mari, elle parvient à trouver un équilibre entre les tâches ménagères et le travail.
Les femmes motocyclistes qui font le taxi comme Nyirangirente ont été une source d’inspiration pour les jeunes femmes, par exemple Marie Louise Karegeya, 21 ans.
Karegeya, qui a commencé à conduire une moto-taxi en 2018, a également rencontré l’opposition au début, y compris de la part de sa mère. La seule personne qui a soutenu sa décision de rejoindre l’entreprise était sa tante.
Actuellement, elle fait toujours face à des réactions mitigées de la part de ses homologues masculins. Certains d’entre eux la découragent en disant que c’est le travail des hommes et la décrivent comme une «femme-homme», tandis que d’autres l’encouragent et l’aident quand elle rencontre des problèmes mécaniques en cours de route.
Pour Karegeya, la moto est importante. «J’arrive à satisfaire tous mes besoins en tant que jeune femme au lieu d’être une personne dépendante. Je parviens également à contribuer au bien-être de ma famille », a-t-elle déclaré.
«Votre limitation… Ce n’est que votre imagination», a déclaré Nyirangirente, qui a fustigé la croyance inhérente à certaines jeunes femmes qui pensent qu’il n’y a rien dont elles sont capables.
La conductrice a maintenant un nouvel objectif: acheter une voiture pour gérer une entreprise de taxi.
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