Par Anass BELHAJ
Au Rwanda, les drones anti-moustiques sont devenus l’arme de prédilection dans la lutte contre le paludisme (ou malaria), l’une des maladies les plus meurtrières en Afrique provoquée par un parasite transmis par certains types de moustiques.
En moins de deux ans, ces petits bijoux de la technologie ont révolutionné de façon fulgurante le milieu médical au pays des mille collines, où près de 6 millions de personnes ont été déclarées atteintes par le paludisme entre 2018 et 2020.
Depuis le lancement d’un programme national de déploiement des drones anti-moustiques en janvier 2020, grâce à un partenariat entre le gouvernement et Charis Unmanned Aerial Solutions, une société locale spécialisée dans les technologies des drones, le système sanitaire rwandais a enregistré des avancées significatives dans la lutte contre le Paludisme, faisant des petits engins volants des alliés de poids.
Selon les dernières statistiques du Centre biomédical rwandais (RBC), publiées cette semaine à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le paludisme, les cas de paludisme au Rwanda ont diminué de 4,6 millions en 2017 à 1,8 million en 2020, tandis que les cas graves sont passés de 18.000 en 2016 à 3.000 en 2020.
Le Centre relève également que les décès liés au paludisme ont également chuté de 700 en 2016 à 148 en 2020, grâce notamment à la destruction des gîtes larvaires des moustiques par des drones et la participation des communautés dans la lutte contre cette maladie.
Commentant la publication de ces chiffres, le directeur de la division paludisme au RBC, Aimable Mbituyumuremyi, attribue ce résultat à l’utilisation des drones qui “ont contribué à la cartographie des sites de reproduction des moustiques et à la pulvérisation de plusieurs sites”.
“Les résultats préliminaires montrent une diminution significative de la densité des moustiques, ce qui a contribué à la réduction des cas de paludisme dans les zones ciblées”, explique-t-il.
Le responsable indique que les autorités sanitaires prévoient aussi d’utiliser les drones pour diffuser des messages de sensibilisation dans le cadre de la lutte contre le paludisme.
Équipé d’un réservoir de 10 litres transportant une substance larvicide, le drone anti-moustiques suit un itinéraire cartographié à l’avance, et pulvérise l’insecticide sur de vastes sites de reproduction des moustiques comme les marais, les rizières et les eaux stagnantes où se trouvent les larves de moustiques.
Selon le directeur général de Charis Unmanned Aerial Solutions, Eric Rutayisire Muziga, les drones peuvent identifier facilement les zones infestées et permettre ensuite de répandre les insecticides de façon rapide, précise et efficace grâce à un système de pulvérisation anti-moustique intelligent.
“Un drone facilite le survol d’une quarantaine d’hectares en 16 minutes. L’analyse des vidéos et la cartographie des zones infestées sont réalisées en quelques heures, le traitement insecticide peut rapidement avoir lieu par la suite”, détaille M. Muziga qui relève que ces engins volants s’imposent aujourd’hui en tant qu’armes de choix contre la malaria.
D’après le ministère rwandais de la Santé, ce nouveau dispositif complète les mesures traditionnelles contre la maladie, notamment les tests de diagnostic précoce du paludisme et la distribution d’insecticides aux populations menacées.
Environ 90% des Rwandais sont à risque de contracter le paludisme qui touche 200 millions de personnes par an dans le monde et qui en tue plus de 400.000 sur la même période, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Outre les drones anti-moustiques, le Rwanda utilise également des drones livreurs de poches de sang et des drones transporteurs de produits médicaux pour ravitailler ses hôpitaux éloignés. Ces engins volants en fibre de carbone et polystyrène de 3 mètres d’envergure sont devenus un véritable couteau suisse médical dans ce pays d’Afrique de l’Est.
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