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Les chefs d’États et de gouvernements de l’Union africaine se réunissent ces 5 et 6 février 2022 à Addis Abeba, la capitale éthiopienne au siège de l’organisation ce samedi 5 mai alors qu’iIl y a trois mois, plusieurs ambassades appelaient leurs ressortissants à quitter l’Éthiopie, craignant que les rebelles du Tigré ne s’emparent de la capitale éthiopienne.

Pour son vingtième anniversaire, l’UA se trouve face à de nombreux dossiers sensibles, notamment les Coups d’États en Afrique de l’Ouest, Covid-19….À l’issue de ce sommet, c’est le président sénégalais Macky Sall qui prendra les commandes de l’UA pour l’année à venir, trouvant sur son bureau de gros dossiers.
L’avalanche des coups d’Etat
Le plus brûlant sans doute des points à l’ordre du jour du Sommet, tant par sa portée politique que par les conséquences qu’il peut avoir sur les organisations régionales et l’organisation continentale : la succession de coups d’Etat en Afrique de l’Ouest et du centre.
Mali, Guinée, Burkina Faso, Tchad, Soudan sans oublier la dernière tentative du coup d’Etat en Guinée-Bissau. Ces coups d’Etat ont eu comme conséquence la  suspension de la constitution et des institutions garante de la gouvernance démocratique de ces pays.
Début décembre 2021, dans un entretien accordé à France Médias Monde, le président sénégalais, qui sera bientôt le président de l’Union,  s’inquiétait de cette épidémie de coups de forces : « Nous ne pouvons pas accepter que dans cette partie de l’Afrique, des militaires prennent le pouvoir par les armes. Nous sommes en démocratie et le pouvoir se conquiert par les élections », estimait Macky Sall.
Mais quelle réponse l’Union africaine saura-t-elle apporter à des populations qui, lassées de l’inefficacité des régimes  démocratiquement élus en matière de sécurité, leur préférant ostensiblement des juntes militaires et, dans le cas du Mali, le coup de main des russes qui risquent de remplacer les anciens maitres français ?
La gestion des crises politiques
En dehors de coups d’Etat, il y a des conflits politiques qui en sont souvent les conséquences. Il y a les crises politiques concentrées dans certaines régions du continent, que le sommet aura du mal à éviter. Il s’agit notamment :
 Le conflit éthiopien l’un des conflits préoccupants du continent qui se déroule actuellement sur le territoire du pays-hôte : l’Ethiopie est en guerre dans sa région occidentale du Tigré et de l’Oromo.
Les interventions étrangères qui ont été introduites pour aider les États à lutter contre le terrorisme en Afrique de l’ouest. Elles prennent maintenant de nouvelles dimensions avec des combats d’arrière-garde entre la France, la Russie et d’une certaine manière la Turquie.  Il ne faut pas que l’Afrique devienne un champ de batailles entre puissances étrangères qui defendent beaucoup plus leurs intérêts.
La situation de Covid-19 en Afrique
Les enseignements de cette crise sanitaire devraient occuper un certain nombre de discussions cette fin de semaine à Addis Abeba. Moins de 11% des Africains sont complètement vaccinés, selon les données les plus récentes fournies par l’Union africaine.
Dans une note publiée début janvier, l’Institut d’études de sécurité (ISS, une organisation présente dans plusieurs pays du continent) souligne à quel point, malgré quelques résultats convaincants de l’UA, « le continent ne sait toujours pas se faire entendre ni parler d’une seule voix contre ce traitement inéquitable ».
Il sera aussi question de la réponse africaine à la pandémie de Covid-19. Le président sud-africain Cyril Ramaphosa présentera un rapport sur le sujet.
Tensions autour d’Israël
Un sujet inattendu s’est invité dans les débats et pourrait donner lieu à de vifs échanges : les relations avec Israël. L’admission d’Israël comme observateur et surtout comment cette décision a été prise, est un sujet qui divise les membres de l’Union africaine.
La polémique a éclaté en juillet dernier. Le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a accepté l’accréditation d’Israël, avec le statut d’observateur. Il convient de rappeler que ce pays était accrédité auprès de la défunte Organisation de l’unité africaine (OUA), puis il a perdu ce statut lorsque cette dernière, créée en 1963, a été dissoute et remplacée par l’UA en 2002.
Ce retour a déclenché la colère de deux géants africains : l’Afrique du Sud et l’Algérie ont décidé d’inscrire le sujet à l’ordre du jour du sommet. Quelle que soit la décision prise lors du sommet, l’UA sera divisée sur ce sujet bien controversial selon le type de rapports que les pays membres ont avec Israël.
Soixante-douze pays, organisations régionales et organismes sont accréditées auprès de l’UA, dont la Corée du Nord, l’Union européenne ou l’Onusida. Israël jugeait récemment que son exclusion était une « anomalie » du fait des relations qu’elle entretient avec la grande majorité des pays africains.
Cette question pourrait donner lieu à un vote à l’issue très incertaine. Les principaux soutiens d’Israël sont le Rwanda et le Maroc, mais de nombreux pays n’ont pas exprimé leur position et toute décision sur ce sujet nécessitera un soutien des deux-tiers des États membres.
Le financement de l’Union
Le financement de l’Union africaine est un sujet récurrent pour les sommets de l’Union africaine. Vingt ans après sa naissance, l’UA cherche toujours les moyens de s’autofinancer, en clair ne plus avoir à compter sur l’argent des chinois et européens, notamment.
En 2016, l’UA a mis en place une contribution sur les importations. Baptisé « décision de Kigali », le système prévoit que 0,2% du prix de chaque importation sur le continent soit reversé à l’organisation. Mais comme le pointait il y a quelques jours la lettre Financial Afrik, « la décision de Kigali (…) a du mal à être implémentée. Cinq ans plus tard, seuls 17 pays représentant environ 31% des membres de l’UA étaient à divers stades de son application ».
À ce jour, les contributions extérieures représentent toujours plus de la moitié du budget de l’organisation panafricaine.
Présidence de l’Union africaine 2022
À l’issue du sommet, c’est le président sénégalais Macky Sall qui prendra les commandes de l’UA pour l’année à venir. C’est la fin de la présidence de Félix Tshisekedi. L’heure est donc au bilan. Certains observateur le trouve mitigé. Selon Pape Ibrahima Kane : « Du fait de l’absence prolongée de la RDC dans le paysage politique africain pendant plusieurs années, et le manque d’expérience de l’équipe qui l’entourait, il n’a pas vraiment pu peser de tout son poids, comparé à ce que le président sud-africain [Cyril Ramaphosa, son prédécesseur, NDLR] avait pu faire avec une administration mieux étoffée, des moyens logistiques et humains plus conséquent, et donc il a à mon avis un bilan assez mitigé. Il n’a pu mettre un terme à la crise en Ethiopie, il était pratiquement invisible dans celles du Sahel. Et dans la crise soudanaise, on l’a peu vu. »
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