Ce dossier sensible est emblématique de la controverse historique sur les objectifs de la mission militaro-humanitaire française Turquoise, déployée au Rwanda sous mandat de l’ONU pour faire cesser le génocide des Tutsi.
Le génocide contre les Tutsi a fait plus d’un million des morts entre avril et juillet 1994, essentiellement au sein de la minorité tutsi. Ce chiffre ne contient pas les nombres d’autres victimes massacrés périodiquement et continuellement pendant trois décennies depuis les années soixante jusqu’aux années quatre-vingt-dix.
Dans cette affaire, Survie, Ibuka, FIDH et six rescapés de Bisesero, parties civiles, accusent l’armée et la France de « complicité de génocide » pour avoir, selon eux, sciemment abandonné pendant trois jours les civils tutsi réfugiés dans les collines de Bisesero, dans l’ouest du pays, laissant se perpétrer le massacre de centaines d’entre eux par les génocidaires, du 27 au 30 juin 1994.
Le président rwandais Paul Kagame et son homologue français Emmanuel Macron lors d’une conférence de presse à l’Elysée, à Paris, le 23 mai 2018. (AFP PHOTO / POOL / Francois Mori)
Pendant l’instruction, conclue en juillet 2018, cinq hauts gradés français – dont le chef de Turquoise, le général Jean-Claude Lafourcade – ont été entendus par les juges et sont restés placés sous le statut de témoin assisté, moins incriminant que celui de mis en examen (inculpé) qui ouvre, lui, la voie à un éventuel procès.
Fin avril 2021, peu de temps après la publication par la commission présidée par l’historien Vincent Duclert d’un rapport qui avait notamment pointé « l’échec profond » de la France lors des massacres de Bisesero, le parquet de Paris a requis un non-lieu.
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