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Par Lars Larsson

Le Rwanda a fait de grands progrès. Le rebond spectaculaire enregistré en 2021, après le choc pandémique, devrait se poursuivre cette année. Tandis que de nombreux fruits à portée de main ont déjà été récoltés, la deuxième phase sera plus difficile à maintenir sur le moyen terme.

Durant de nombreuses années, le Rwanda a été le chouchou de la communauté des donateurs, et maintenant ? Le pays présentait des indicateurs de développement humain en hausse, soutenu par des taux de croissance économique enviables et un gouvernement ambitieux, désireux de se présenter comme un exemple et un leader régional.
Les critiques ont vite redouté qu’un modèle de croissance axé sur l’État ne se révèle finalement limité. Ils craignaient que la petite taille du pays – il ne compte que 13 millions d’habitants –, ne limite sa croissance, et que s’appuyer sur son expansion économique rapide initiale à partir d’une base faible devienne de plus en plus difficile.
Pour permettre l’intégration économique, les réglementations sont harmonisées, les exigences en matière de visas assouplies et les frontières sont ouvertes aux personnes et aux capitaux. Plusieurs projets de fabrication de haut niveau sont à l’étude, dans le sillage de Volkswagen.
Enfin, beaucoup ont soutenu que le développement impulsé par l’État est limité par sa nature et que tôt ou tard, le secteur privé devra prospérer si le Rwanda veut vraiment réussir.
Malgré des années difficiles – la pandémie a entraîné une récession de 3,4 % en 2020 – le Rwanda reste un pays en mouvement. Après avoir souffert de la pandémie de la Covid-19, la croissance avoisine 10,2% pour 2021 et pourrait se porter à 7 % cette année, selon le FMI.
Une société qui, voici à peine une génération, se déchirait dans l’une des manifestations de division les plus sanglantes de l’histoire, travaille maintenant vers un objectif commun avec le zèle du converti.
Au cœur du modèle rwandais se trouvent des plans ambitieux à long terme, et le gouvernement a attribué bon nombre des avancées économiques du pays à son plan Vision 2020.
Il a réussi à avancer dans tous les domaines, de la connectivité Internet aux soins de santé, au cours des deux dernières décennies. Dans le cadre de ce plan, l’administration du président Paul Kagame, au pouvoir depuis 2000, a concentré les investissements dans les domaines prioritaires qui maximisent les avantages pour les entreprises et la population en général.
Des progrès humains indéniables
Au cœur de l’approche du pays se trouve une série de politiques favorables aux entreprises, qui ont aidé le Rwanda à se hisser à la 29e place de l’indice de facilité de faire des affaires en 2019 de la Banque mondiale, le deuxième meilleur d’Afrique après Maurice. Tandis que la réalisation réussie des plans économiques a stimulé les indicateurs de développement.
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L’espérance de vie au Rwanda est passée de 49 ans à 66,6 ans entre 2000 et 2017, tandis que l’extrême pauvreté a baissé de 40 % à 16 % de la population. De 2014 à 2019, la croissance économique moyenne a été de 9,2 %. Alors que le pays se remet de l’ère de la pandémie, il cible des plans ambitieux dans un contexte économique mondial difficile.
En décembre, le gouvernement avait dépassé l’objectif de l’Organisation mondiale de la santé de plus de 40 % de citoyens entièrement vaccinés, mais la pandémie a néanmoins exacerbé la pauvreté, le chômage et les inégalités entre les sexes, selon le FMI, qui prévient qu’elle risque de renverser la situation sociale durement acquise, ainsi que les gains économiques.
Afin de contrer ces impacts, le pays va de l’avant avec Vision 2050, qui a défini les objectifs de faire du Rwanda un pays à revenu intermédiaire d’ici à 2035, et un pays à revenu élevé à horizon 2050. L’État envisage des taux de croissance allant jusqu’à 12% jusqu’en 2035, se stabilisant à environ 10 % de 2036 à 2050.
Le moteur prévu pour la prochaine phase de croissance nationale sera l’expansion des domaines clés de l’économie, notamment l’agriculture, la santé, les infrastructures, l’industrie manufacturière, le tourisme, la finance, l’éducation, l’énergie. Sans oublier l’utilisation intensive de la technologie au sein de l’administration publique et des entreprises.
Ces ambitions disparates sont donc réunies dans un grand plan visant à faire du Rwanda un lieu de laisser-faire économique où des solutions innovantes sont développées.
Le pari est que cette politique permette de surmonter les défis du petit marché intérieur du Rwanda, au pouvoir d’achat limité, pour développer les exportations vers les pays voisins de la région. Le Rwanda devra profiter de son emplacement central pour offrir aux investisseurs un accès aux marchés de l’Afrique de l’Est.
Priorité à l’éducation
« La première chose que les investisseurs regardent est la taille du marché, et bien que le marché rwandais ne soit pas grand, notre situation géographique fait de notre pays la parfaite plateforme vers tous les grands marchés qui nous entourent », résume Diane Karusisi, PDG de la Banque de Kigali.
Avec une moyenne d’âge de 19 ans et dont seulement 22% de sa population a plus de 35 ans, le Rwanda est l’un des pays les plus jeunes du monde. Les interactions des Rwandais avec le reste du monde sont enrichies par leur multilinguisme.
La langue officielle du pays, le kinyarwanda, présente de nombreux points communs avec les autres langues bantoues de la région, et la plupart des Rwandais maîtrisent également le français et l’anglais.
Soucieux de l’avenir du pays, le gouvernement a donné la priorité à son système éducatif. Dans le cadre de la Vision 2020, 100 % des garçons et des filles étaient inscrits au programme gouvernemental d’éducation de base universelle et gratuite.
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L’industrie du tourisme a été alimentée par une augmentation du nombre de compagnies aériennes internationales desservant Kigali ces dernières années et par un partenariat entre le transporteur national RwandAir et Qatar Airways.
La première phase de l’aéroport de Bugesera, qui sera détenue à 60 % par le Qatar, devrait être achevée fin 2022, date à laquelle il pourra accueillir plus d’un million de passagers et 150 millions de tonnes de fret par an.
Depuis 2020, les hôtels et les voyagistes ont reçu un soutien gouvernemental sous forme de subventions et de prêts. Alors que l’industrie avait montré des signes encourageants de reprise organique en 2021, l’émergence dévastatrice d’Omicron a porté un nouveau coup dur à l’industrie touristique et hôtelière.
Tout ceci complique les plans du Rwanda pour s’implanter solidement dans l’industrie MICE (réunions, incitations, conférences et expositions). En 2019, le Rwanda a accueilli le deuxième plus grand nombre de conférences de tous les pays d’Afrique (après l’Afrique du Sud), avec de nombreux délégués affluant vers le centre de conférence de Kigali construit en 2016.
Pourtant, l’accent mis récemment par le pays sur l’accueil d’événements sportifs internationaux de haut niveau, même pendant la pandémie, pourrait aider à assurer aux visiteurs que le pays est prêt pour la nouvelle ère du tourisme axé sur la sécurité. Le ministère des Sports a pour mission de faire du Rwanda un candidat de premier plan pour accueillir les grands événements sportifs internationaux.
« L’accueil d’événements fait partie de la stratégie pour attirer les investisseurs en leur offrant l’opportunité de trouver de nouvelles clientèles dans de nouveaux lieux », explique Aurore Mimosa Munyangaju, ministre rwandaise des Sports. « Nous veillons toujours à ce que le secteur privé soit informé des opportunités qui résultent de l’évolution du sport. »
Après avoir accueilli avec succès la NBA / FIBA Basketball Africa League en mai 2021, Kigali a accueilli les championnats internationaux de volleyball masculin et féminin en septembre 2021. Elle va accueillir l’Ironman Triathlon, en août 2022, et les Championnats du monde de cyclisme, en 2025.
« En travaillant avec les ministères du tourisme et de l’équipement, nous avons gagné la confiance des organisations internationales pour l’accueil de grands événements sportifs », déclare le ministre.
Une croissance tirée par les exportations
D’importants investissements sont en cours dans les infrastructures sportives, notamment la modernisation du stade Amahoro en une arène polyvalente pouvant accueillir des compétitions de football, de basket-ball, de volley-ball, et de tennis.
Le nombre de places assises sera porté à 45 000. Le projet de 24 mois est entrepris par la société de construction turque SUMMA, qui a achevé il y a deux ans à peine la Kigali Arena, la plus grande arène couverte d’Afrique de l’Est.
Un autre aspect de l’engagement rwandais dans le sport international est le parrainage par Visit Rwanda des clubs de football Arsenal et Paris Saint-Germain, ce dernier ayant depuis ouvert une académie de formation à Kigali pour les entraîneurs et les joueurs de football.
Le pays a également des ambitions en matière de croissance des exportations tirées par le secteur manufacturier.
Le lancement de la ZLECAf (Zone de libre-échange continentale africaine), dont le Rwanda a été un des principaux soutiens, devrait permettre au pays de capitaliser sur de nouveaux marchés régionaux pour ses produits manufacturés.
Pour permettre l’intégration économique, les réglementations sont harmonisées, les exigences en matière de visas assouplies et les frontières sont ouvertes aux personnes et aux capitaux. Pour le Rwanda, cela signifie augmenter la substitution des importations et augmenter les exportations, en particulier de biens de consommation à rotation rapide, vers les marchés voisins en franchise de droits au Burundi et en RD Congo.
L’espérance de vie au Rwanda est passée de 49 ans à 66,6 ans entre 2000 et 2017, tandis que l’extrême pauvreté a baissé de 40 % à 16 % de la population. De 2014 à 2019, la croissance économique moyenne a été de 9,2 % par an.
Plusieurs projets de fabrication de haut niveau sont à l’étude. Volkswagen a ouvert la première usine automobile du Rwanda en 2018. L’investissement de 20 millions $ a créé 1 000 emplois et devrait répondre à un marché régional en pleine croissance pour les fournisseurs de services de partage de véhicules de type Uber.
L’ouverture de l’une des deux usines africaines de fabrication de vaccins « fill-and-finish » de BioNTech, prévue pour la mi-2022, offre une chance de renforcer la capacité biotechnologique du pays.
Pendant ce temps, les marques de mode sont invitées à adopter le Made in Rwanda, avec des créatifs locaux comme Moses Turahirwa et sa marque de vêtements Moshions qui relèvent le défi.
La modernisation agricole et minière sont également des axes prioritaires du plan 2050. Alors que le Rwanda a dépassé les attentes des plus sceptiques, les prochaines années seront un test majeur pour savoir si le pays peut poursuivre sur sa lancée encourageante.
 
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